Mercredi 15 mars 2025
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A l’invitation de la « belle équipe de Franche-Comté-Québec » à un regroupement interrégional pour marquer la Saint Jean-Baptiste, une « aussi belle délégation de Lorraine-Québec » (14 personnes) a sauté dans les voitures dès le vendredi pour rejoindre BesançonÂ…
Petit compte-rendu jour par jour de ces très bons moments…
(photos Edmond, Guy et J-Luc)
Vendredi 17 juiin / 18 h 00 :
Les Lorrains sont installés au Centre International de Séjour (CIS) de BesançonÂ… Valises à peine posées, Alain Chevillard, le sympathique président de Franche-Comté-Québec guide notre petite troupe vers la « Ville Vieille » qu’il nous raconte chemin faisantÂ…
L’objectif - à peine avoué - est de trouver un « p’tit resto sympa » proposant des spécialités locales ! Affamés mais gourmets, ces Lorrains !
… et Alain, en bon « Bisontin » nous conduit à la célèbre « Brasserie du Commerce » classée monument historique à juste titre !
Plat unique commandé par la bande de gourmands : l’assiette franc-comtoiseÂ…
Waouhhhh ! Un « choc visuel » à son arrivée mais un vrai délice pour les papilles… (brochette de saucisse de Morteau, jambon cru de pays, comté, lardons, noix, petites pommes de terre nouvelles sur une montagne de salade, le tout arrosé de cancoillotte chaude)…
Seul « le plus petit » de l’équipe est arrivé au bout de son assiette !
Et le retour vers le CIS va être « homérique » : estomacs trop pleins, sous une pluie battante, les rues de Besançon la nuit seront longues et tortueusesÂ… et l’arrivée au CIS bienvenue pour un bon reposÂ…
Samedi 18 juin / 9 h 00 :
Les autres participants arrivent progressivement pendant que les noctambules lorrains « petit-déjeunent » pas tout à fait réveillés…
Un bus nous descend en centre villeÂ…
Les bords du Doubs d’abord et la somptueuse perspective sur les bâtiments du quai d’en face...
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téléchargez le panoramique et déplacez-vous dans l'image
en glissant la souris (nécessite le logiciel QuickTime)
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des passages qui s’ouvrent sur des cours intérieures et des escaliers doubles extérieurs impressionnantsÂ… des coins et recoins qui passent des « coups de cœur » de notre guide (merci à elle) à notre cœur et notre mémoire de touristes d'un jourÂ…
L’église du quartier nous sonne ses douze coups : le bon dîner d’hier soir ayant parfaitement été digéré grâce à une bonne nuit et la marche de ce matin, l’équipe lorraine se met en quête de victuailles reconstituantes avant d’attaquer la redoutable montée à pied à la Citadelle par sa face nord !!!
Ça y est… on est presque en haut… les genoux de certains « crissent » un peu !
Mais l’effort consenti est récompensé par un site vraiment extraordinaire que chacun va pouvoir découvrir à son gré tout au long de l’après-midi :
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téléchargez le panoramique et déplacez-vous dans l'image
en glissant la souris (nécessite le logiciel QuickTime)
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Et après cette belle journée, personne ne réclamera de berceuse…
Encore un lieu qui force l’admiration et marque les esprits de la totalité des 70 participants de cette interrégionale !
Son agencement sur un demi-cercleÂ…
Ses éléments architecturaux extérieurs ou intérieurs…
Et, bien sûr, sa destination première qui était la production et la commercialisation du sel à partir de l’eau salée transportée sur des kilomètres par un« saumoduc » en bois depuis SalinsÂ…
puis, le musée consacré à l’extraordinaire Nicolas Ledoux, l‘architecte visionnaire de la saline et de bien d’autres constructions à l’esthétique surprenante dont on admire les maquettesÂ…
ou encore une exposition sur l’avion solaire « Solar Impulse » (sponsorisé par une célèbre entreprise productrice de sel (entre autres)...
On vous renvoie au site officiel pour plus d’informationsÂ…
Louis Hémon
Maria Chapdelaine
Louis Hémon est né à Brest, en Bretagne, le 12 octobre1880. Il est le dernier d’une famille de trois enfants. Le père, ancien élève de l’école normale supérieure, est agrégé de lettres classiques. En 1882, son père, muté à Paris, quitte sa Bretagne natale. Louis est alors âgé de deux ans et va passer son enfance et sa jeunesse dans la capitale. Il hérite de son père un goût littéraire très marqué. Ses étude secondaires ne le passionnent pas, il les subit plutôt. Après le lycée, il fait des études de droit à la Sorbonne, puis après l’obtention de sa licence, il s’acquitte de son service militaire qui lui déplaît tout autant que ses études. Admis au concours de l’administration coloniale, mais affecté en Algérie, Louis Hémon décide de partir pour Londres, renonçant à son concours et à une carrière diplomatique au grand dam de sa famille.
Pour assurer sa subsistance, il exerce différents travaux alimentaires qui ne l’intéressent pas spécialement mais qui lui permettent d’observer les personnes croisées au cours de ses déambulations lorsqu’il est représentant de commerce, ou les collègues fréquentés dans les bureaux. Mais, ce qui compte désormais pour lui, c’est écrire.
Après huit années passées à Londres où il a le sentiment de perdre son temps, Louis Hémon décide de partir au Canada. Il quitte l’Angleterre en 1911. Après un séjour à Québec, il débarque à Montréal et gagne sa vie comme commis dans une compagnie d’assurance, tout en écrivant quelques articles sur le Canada à l’intention des Européens. Le 15 juin 1912, il quitte Montréal pour la région du Saguenay-lac-Saint-Jean, région de pionniers, encore assez sauvage dont lui avait parlé un prêtre lors de la traversée de l’atlantique. Il séjourne d’abord à la Tuque, puis à Roberval sur le lac Saint-Jean dont il projette de faire le tour à pied (plus de 100 km). Mais à Péribonka, il rencontre « un habitant », Samuel Bédard qui l’engage comme ouvrier agricole. Il travaille sur la ferme jusqu’au mois d’août, puis comme chaîneur pour une société d’arpenteurs au nord du lac.
Il apparaît comme un être étrange aux yeux de la population de cette petite localité, acceptant de travailler pour rien, parlant peu, toujours un carnet à la main, n’assistant pas à la messe comme tout le village, mais attendant la sortie des paroissiens devant l’église pour discuter avec eux. Il quitte Péribonka et les Bédard le 28 décembre 1912 et s’installe de l’autre côté du lac à Saint-Gédéon pour rédiger une première version de Maria Chapdelaine, dont il a fixé les grandes lignes sur son carnet. Au début du mois d’avril, de retour à Montréal, il travaille comme traducteur tout en dactylographiant son roman sur la machine de son employeur en arrivant tôt le matin au bureau. Le 26 juin, il expédie celui-ci au journal Le Temps qui le publiera l’année suivante.
Entre temps, il quitte Montréal en direction de l’Ouest canadien où il souhaite participer aux moissons. A Chapleau, où il s’est arrêté, il est happé par un train le 8 juillet 1913 avec un compagnon d’équipée australien et meurt à 32 ans.
Louis Hémon doit sa célébrité à son principal roman « Maria Chapdelaine » écrit en 1912 -1913 au Québec et publié après sa mort accidentelle à 32 ans, d’abord en feuilleton au début de 1914 à Paris, puis en volume au Québec en 1916 avant la version définitive qui paraîtra aux éditions Grasset en 1921. Le roman connut un immense succès commercial et Louis Hémon reste l’écrivain emblématique du Canada francophone du début du XXème siècle par son évocation mythique des humbles paysans défricheurs de la terre québécoise. Il est d’ailleurs très régulièrement intégré aux listes des écrivains canadiens français, mais un peu abusivement puisqu’il a vécu moins de deux ans au Canada français, d’octobre 1911 à juillet 1913.
Son roman « Maria Chapdelaine », après un premier accueil un peu froid par les institutionnels, sera récupéré ensuite par ces derniers dont l’église catholique et les élites bien pensantes québécoises.
« Maria Chapdelaine » connaîtra de multiples éditions (250 à ce jour), sera traduit dans plusieurs langues et illustré abondamment (Suzor-Côté, Clarence Gagnon, Thoreau Mac Donald, Jean Lebédeff, Fernand Labelle,….),
Tourné en film trois fois (Julien Duvivier en 1934 avec Jean Gabin et Madeleine Renaud, Marc Allégret dans une libre interprétation de l’œuvre et Gilles Carle en 1984 avec Carole Laure), transformé en BD, en pièce de théâtre, en roman illustré, en radio-roman, en série télévisée. On publiera des suites au roman. Le village de Péribonka sera doté d’un musée à la mémoire de l’auteur en 1938.
Bref, « Maria Chapdelaine » deviendra un mythe littéraire : pour les Canadiens français, il illustre leur lutte pour la survivance nationale; pour les Français, il symbolise l’ancienne France, celle fondée sur la famille et la religion.
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Les auteurs étudiés / F-A Savard / Michel Tremblay / Louis Hémon / Emile Nelligan
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Michel Tremblay (1942-Â….)
La grosse femme d’à côté
est enceinte
Michel Tremblay est né le 25 juin 1942, rue Fabre à Montréal, au cœur du plateau Mont-Royal, qu’il chantera à sa façon. Il est le fils d’un pressier, Armand Tremblay et de Rhéauna Rathier qui lui communiquera le goût de la lecture. Michel nous raconte sa passion de la littérature, passion partagée avec sa mère, confidente, critique, partageant souvent les coups de cœur de celui qui ne rêvait déjà que de littérature. Elle lui aurait transmis le sens du drame, du rêve, du romanesque. Son père, quant à lui, celui du ridicule. Dans l’œuvre de Tremblay, l’un et l’autre sont exploités en abondance. Il ajoute sur ses parents :
« ma mère avait le sens du drame, mon père celui du ridicule : c’était donc un match parfait »
Michel Tremblay est l’un des piliers de la littérature québécoise. Son univers, peuplé de marginaux, de gens ordinaires, de femmes désabusées, d’amants,Â…Â…parle de la vie des personnes qu’ils rencontre. Il est à la fois dramaturge, conteur, romancier, traducteur-adaptateur (Aristophane, Gogol, Tchekov)Â….scénariste (Françoise Durocher, Waitress , Il était une fois dans l’est, Parlez-moi d’amour, le soleil se lève en retard), autobiographe (les Vues animées, 1990 et douze coups de théâtre, 1992)
De 1948 à 1959, il fait ses études primaires et secondaires dans ce même quartier du plateau, puis, tour à tour, il exerce différents métiers, livreur, étudiant en arts graphiques, typographe à l’imprimerie judiciaire, vendeur de tissus au magasin de costumes de Radio-Canada.
L’écriture est sa passion. Il remporte en 1964 le premier prix au concours des jeunes auteurs de Radio-Canada avec « le train », pièce inédite écrite à 16ans et jouée deux fois au petit théâtre de la place Ville-Marie. Boursier du Conseil des Arts du Canada en 1967-1968, il écrit durant un séjour au Mexique « la cité dans l’œuf » qu’il publie un an après « les belles sœurs ». Cette dernière pièce, créée en mars 1968 au théâtre des apprentis sorciers par le centre d’essai des auteurs dramatiques, triomphe au Québec puis en France et assure la renommée du dramaturge. Sa naissance littéraire commence en 1968 avec la sortie des « belles sœurs » où, après un tollé de protestations, Michel Tremblay sort gagnant d’une lutte sur le débat linguistique : il a 25 ans.
Entre 1965 et 1976, il compose onze pièces en passant par les « belles sœurs » qui porte sur l’incommunicabilité des personnes jusqu’à la « maison suspendue » qui parle de réconciliation. Depuis cette époque, sa carrière littéraire s’est affirmée avec régularité. Connu comme conteur, romancier, adaptateur, scénariste de films, auteur de comédies musicales, dramaturge pour la radio, la télévision et la scène, parolier pour Pauline Julien, Renée Claude et Monique Leyrac, Michel Tremblay a écrit plus de 20 pièces, 3 comédies musicales, 9 romans, 7 scénarios de films, 14 traductions ou adaptations, 1 livret d’opéra et une quinzaine de chansons.
A l’automne 1998 « Laura Cadieux » est porté au grand écran et connaît un record d’affluence. Denise Filiatraut y assure la réalisation entourée d’une brochette de comédiennes de renom dont Ginette Reno dans le rôle principal de Laura Cadieux.
Depuis le début de sa prolifique carrière littéraire, Michel Tremblay s’est vu décerner de nombreux prix littéraires.Le premier date de 1964 au concours des jeunes auteurs de Radio-Canada. Suivront de nombreux autres prix tels le prix du gala Méritas en 1970, Le Chalmers Award en 1972, 1973, 1974, 1975, 1978 et 1986, le « meilleur scénario » au festival du film canadien en 1975, le prix Victor-Morin de la société Saint-Jean Baptiste pour l’ensemble de son œuvre en 1974, le prix du lieutenant-gouverneur de l’Ontario en 1975, le prix France-Québec et le prix Athanase David pour l’ensemble de son œuvre en 1981 et 1988.
En 1978, il avait été nommé le Montréalais le plus « remarquable » des 2 dernières décennies dans la domaine du théâtre pour la publication de « la grosse femme d’à côté est enceinte ». En mars 1984, le gouvernement français lui rend hommage en le nommant chevalier des arts et des lettres. En 1990, on lui décerne le grand prix du livre de Montréal. En 1991 à Lyon, le romancier reçoit le prix Jacques Cartier pour l’ensemble de son œuvre et un doctorat honorifique des universités Concordia et McGill. En 1992, l’université Sterling d’Ecosse lui remet aussi un doctorat honorifique pour la pièce « les belles sœurs », traduite en yiddish. En 1995, il se voit remettre le prix littéraire du Québec, le prix des lectrices d’Elle Québec et le prix Molson du conseil des arts du Canada.
L’œuvre de Michel Tremblay explore le monde de la marginalité : qu’elle soit sexuelle, raciale, culturelle. L’oppression conditionne l’individu, le place en état de survie, le prive d’une existence pleine, l’aliène, le prive de la reconnaissance. Les héros sont le plus souvent en rupture, volontaire on non, des conventions sociales. Que ce soit Marcel, dans la chronique du plateau Mont-Royal, inadapté car il est entraîné dans un monde onirique, que ce soit Laura Cadieux, trop grosse ou encore les héros de « la nuit des princes charmants » et de « quarante-quatre minutes, quarante-quatre secondes », homosexuels en butte aux diktats de la morale étroite du Québec des années 50-60, les héros de Tremblay doivent mener un combat pour être reconnus au-delà de leur spécificité.
Tremblay est membre de l’union des écrivains québécois. Ses œuvres ont été traduites dans de nombreuses langues et ses pièces sont jouées régulièrement.
C’est un auteur très médiatisé qui a accordé de nombreux entretiens dans lesquels il s’attache à définir le sens à donner à son œuvre. Il ne cesse de revendiquer son statut d’auteur populaire par lequel il décrit surtout les difficultés du milieu dont il est issu : les quartiers populaires francophones de Montréal à partir des années 1940. Il éprouve une tendresse évidente pour les petites gens dont il parle. Ses personnages ont un rôle clé : par leur récurrence, ils créent des liens entre les différentes œuvres qui fonctionnent par cycles et chroniques. Ils en sont la ligne directrice la plus évidente, formant un ensemble solidaire qui peut rappeler des grandes séries d’œuvres certaines oeuvres de Zola.
" La grosse femme d’à côté est enceinte " apparaît comme une belle illustration d’un travail tant littéraire que langagier. Ce que raconte Tremblay touche par sa beauté, son intérêt quasi documentaire, sa justesse. On sent qu’il parle d’un milieu qu’il connaît et que les thèmes qu’il évoque lui tiennent à coeur. Son travail est propre à celui d’un auteur francophone : il s’approprie et même transpose la langue pour mieux dire. Il part du français mais il a choisi de le « québécaniser » dans une volonté de rendre le parler d’un peuple. Ce qui l’intéresse avant tout, c’est de toucher au plus près la saveur des mots prononcés. C’est bien pourquoi son langage est en constante évolution et que son travail s’apparente à une quête, celle de donner une langue la plus juste possible au peuple qu’il aime et dont il se fait le porte-parole.
La langue qu’utilise Michel Tremblay dans le roman est intéressante. Elle fait plus que parler d’un quartier et d’un peuple, elle dit un quartier et un peuple. L’identité québécoise a longtemps été marquée par une double négation avec des slogans du type : ni Français, ni Américains, spécifiquement Québécois. Dans ce cadre, la littérature a un rôle de support. Il s’agit de se définir entre un anglais envahissant et un français normatif. Dans cette quête d’une langue identitaire s’inscrit le joual que l’on peut définir comme l’expression et la résultante d’une aliénation culturelle. Il s’agit d’une sorte d’argot né d’un glissement du français vu par certains comme une langue étrangère dominatrice. Il revêt un aspect politique dans l’écriture : l’utiliser, c’est s’inscrire dans la quête d’une autre langue, légitimer le peuple qui l’utilise et c’est ce que fait Tremblay lorsqu’il l’utilise en 1968 dans sa pièce « les belles sœurs ». Avant cela, il s’était justifié de l’usage qu’il en faisait en ces termes : « le joual ? C’est mon principal moyen d’expression. Je m’étais dit : si jamais j’écris un jour, je ne tricherai pas. Je ferai parler mes personnages avec les expressions qu’ils utilisent dans leur vie de tous les jours »
Michel Tremblay se base sur le français tout en lui appliquant des particularités langagières aussi bien lexicales que syntaxiques. Ce que veut Tremblay, c’est transposer la parler québécois. Au Québec, le parler est différent du français parlé en France. Le français québécois a une saveur particulière qu’il veut rendre par l’écrit. Son but n’est pas de toucher au pittoresque mais de rendre compte de ce qui sort de la bouche des gens. Tant qu’ils n’ont pas été prononcés, les mots n’ont pas le même piquant. On doit sentir une expression personnelle que l’usage classique du français ne permet pas de percevoir. Dans le roman, l’approche est différente de celle du théâtre. Michel Tremblay joue davantage sur le visuel et revient à une orthographe plus classique en lui adjoignant des particularités langagières telles que l’élision pour retranscrire les paroles des personnages. Il s’exprime dans une langue truffée de « québécismes »
Les particularités langagières pratiquées par Michel Tremblay sont notamment :
- l’apocope, y pour il
- la syncope, pis pour puis
- le transfert, tu-seule au lieu de toute-seule
- l’ajout, c’te à la place de ce
- et l’emploi de mots anglais et d’expressions québécoises, pantoute,Â….
Concernant le style, on note que plusieurs registres de langue cohabitent, notamment entre les passages narratifs et les dialogues, mais également au sein des mêmes dialogues. Cette configuration des registres entraîne une sorte de dédramatisation de situations sérieuses. La langue de Tremblay n’est pas figée. Elle évolue constamment avec son œuvre qui répond à une recherche expressive permanente.
Félix-Antoine Savard (1996-1982)
" Menaud, maître Draveur "
Félix-Antoine Savard est né à Québec le 31 août 1896.
Il a fait son cours secondaire puis son cours de théologie à Chicoutimi. Ordonné prêtre le 4 juin 1922, il est alors nommé au séminaire de Chicoutimi où il enseigne jusqu’en 1927. Il sera par la suite curé fondateur de la paroisse Saint-Philippe de Clermont, comté de Charlevoix. Durant quelques années, il est nommé prêtre colonisateur en Abitibi. En 1943, il devient professeur à la faculté des lettres de l’université Laval, à Québec, puis doyen de la même faculté de 1950 à 1957, et ensuite nommé prélat domestique (1) en 1950.
Il sera plusieurs fois président de la société du parler français mais aussi de la société de géographie, fondatrice avec Luc Lacourcière et Marius Barbeau des archives de folklore de l’université Laval. La figure de Mgr Savard, ecclésiastique et universitaire, rappelle celles de Camille Roy(2) et Lionel Groulx(3), mais à la différence de ceux-ci, elle sera célébrée par les écrivains de la génération suivante, notamment à travers le personnage de Menaud. Le portrait qu’en fait André Major (4) en 1968 en témoigne : on y voit « un homme trapu, le visage à la fois bon, viril et sensuel, vêtu d’une lourde pelisse de castor, coiffé d’un bonnet de fourrure, qui marche sur la neige durcie en s’appuyant sur une canne noueuse » et qui pourrait être le vieux maître-draveur.
Le plus souvent, on lit « Menaud, maître-draveur », comme l’épopée de la nation dépossédée, le chant de la défaite et surtout un réveil des consciences. Menaud est un draveur qui lutte contre la mainmise des compagnies étrangères sur les territoires québécois défrichés par les pionniers. Menaud veut transmettre ses valeurs à ses deux enfants : Joson, qui meurt accidentellement dans la rivière, et Marie, courtisée par « un personnage (le Délié) qui incarne le traître, puisqu’il est au service d’une des compagnies étrangères. Marie refusera finalement sa main au Délié et épousera un ami de son frère. Mais l’avenir de Menaud reste hanté par le fantasme de l’échec, comme si tout allait malheureusement changer « au pays du Québec ». Menaud sombre en effet dans la folie après avoir cherché en vain à livrer combat avec le Délié, qui s’est enfui dans la montagne. La folie de Menaud effraie les villageois : « des hommes (Â…..) se passaient la main sur le front contre les frôlements de cette démence »- , et Josime, le sage voisin, commente : C’est pas une folie comme les autres ! Cà me dit, à moi, que c’est un avertissement ».
Mais cette folie peut se lire autrement, comme l’a montré dès 1966 André Brochu(5), qui fait de Menaud un curieux intermédiaire entre les personnages de « Maria Chapdelaine et Trente Arpents »(6) Il souligne l’aspect tragique du sentiment d’appartenance : « aucune conciliation (Â…Â…) entre les univers de la femme et de l’homme, de la maison et de la montagne, entre les valeurs de la vie sédentaire et de la vie nomade (Â….), entre (Â…..) la vie de la chair et la fidélité du sang, il y a divorce radical ». Menaud est étrangement passif .Dès le début du roman, on le voit en train d’écouter des passages de Maria Chapdelaine lus à haute voix par sa fille (appelée justement Marie) et transmis tels quels dans le roman de Savard. Le roman de Louis Hémon est un véritable « bréviaire », comme le note Brochu. Menaud ressemble ainsi au Don Quichotte de Cervantès qui lit tellement de romans de chevalerie qu’il finit par confondre le monde livresque et le monde réel. Maria Chapdelaine devient pour Menaud un livre sacré, comme s’il remplaçait la Bible et structurait son rapport au réel. Il en résulte un roman très différent du réalisme sobre de Louis Hémon.
Plus qu’un hommage ou une suite, " Menaud, maître-draveur " est une dramatisation lyrique de Maria Chapdelaine. Savard durcit les éléments constitutifs du roman de Louis Hémon, tant les personnages que les valeurs qu’ils incarnent .C’est d’ailleurs la troisième des voix qu’entend Menaud, celle du devoir de survivance dicté par l’histoire. Ainsi, chez Savard, l’abandon de la terre a plus les traits menaçants, du Délié, cynique et vendu au plus offrant. De même, si la mort de François Paradis « écarté » dans la neige garde quelque chose de la douceur d’un évanouissement, l’engloutissement de Joson dans la rivière donne lieu à une scène d’un tellurisme violent exemplaire du style de " Menaud, maître-draveur ".
Menaud se leva. Devant lui hurlait la rivière en bête qui veut tuer.
Mais il ne put qu’étreindre du regard l’enfant qui s’en allait, contre lequel tout se dressait haineusement,
Comme des loups quand ils cernent le chevreuil enneigé.
Cela s’agriffait, plongeait, remontait dans le culbutis meurtrierÂ….
Puis tout disparut dans les gueules du torrent engloutisseur.
Menaud fit quelques pas en arrière ; et, comme un boeuf qu’on assomme, s’écroula, le visage dans le noir des mousses froides.
(extrait de Menaud, Maître-draveur, de Félix-Antoine Savard)
" Menaud, maître-draveur " est sûrement un des titres les plus illustres qu’ait à offrir la littérature canadienne française authentique. C’est un roman de la terre, le plus poétique qui soit sans doute, tout imprégné de la nature de chez nous, de l’âme du pays, de l’homme de la vieille race, enraciné dans les traditions comme un arbre centenaire dans la glèbe de la forêt. Pourtant, " Menaud, maître-draveur " r ne nous paraît pas ressembler en tous points aux romans de la terre que nous avons l’habitude de lire : Menaud est, dans toute la perfection du mot, le roman de l’appartenance, l’expression la plus sensible de l’amour pour son pays, un amour dont chacune des manifestations-un regard jeté sur la montagne, une marche en forêt, une main tendue vers une fleur-devient un véritable rite, quelque chose de sacré dont les dimensions rejoignent, profondément au cœur de l’homme, une poésie que seul un verbe grandiose sait exprimer.
Félix-Antoine Savard est sans doute le plus poète des romanciers canadiens français. C’est en découvrant la poésie de " Menaud, maître-draveur " , la poésie du sujet et celle du verbe, que nous en arrivons à pénétrer le charme du roman puis à comprendre que le livre est de ces œuvres qui, comme la race elle-même, « ne savent pas mourir »
Arrivant dans Menaud aux moments les plus intenses du drame, les nombreux rappels de Maria Chapdelaine sont d’ores et déjà devenus le leitmotiv du roman que nous présentons ici. Certaines citations, comme par exemple « nous sommes venus il y a trois cents ans et nous sommes restés Â… Autour de nous des étrangers sont venus qu’il nous plait d’appeler des barbares ! Ils ont pris tout le pouvoir ! Ils ont acquis presque tout l’argentÂ…. », puis « ces gens sont d’une race qui ne sait pas mourir », se présentent régulièrement dans le roman de Mgr Savard pour marquer le rythme même de la vie intérieure de ses personnages principaux et pour donner à leur aventure sa valeur dramatique.
(1) un prélat domestique est au service d’un dignitaire ecclésiastique pour une période déterminée.
(2) Camille Roy (1870-1943) a été le premier critique littéraire québécois du XXème siècle. Il a occupé au cours de sa carrière des postes importants en particulier dans l’éducation. Il a travaillé à l’épanouissement des lettres au Québec, en valorisant le classicisme et la clarté de la langue française tout en critiquant le style ampoulé des orateurs canadiens.
(3) Lionel Groulx (1878-1967) était un prêtre catholique, historien, écrivain et nationaliste québécois, plus connu sous le nom de chanoine Groulx. Il développe la théorie selon laquelle le seul espoir de survie du Québec est d’encourager un Québec français et catholique comme rempart à la puissance anglo-protestante du Canada anglais.
(4)André Major est un journaliste et un critique littéraire montréalais
(5) André Brochu est un poète, romancier et essayiste québécois né en 1942.
(6)) « Trente Arpents » est un roman québécois publié par Philippe Panneton en 1938 qui raconte la grandeur et la décadence du héros paysan Euchariste Moisan. Dieu, la terre et le progrès forment la matrice de ce livre.
Le monument L'Homme-rivière rend hommage aux draveurs. Il est situé entre le 67 et le 71, rue Sainte-Anne, à côté de l'Édifice Price, dans le Vieux-Québec. Inauguré en 2002, le monument est une oeuvre de Catherine Sylvain et Lucienne Payan-Cornet.
PatienceÂ… patience... D’abord, un peu de « culture générale »…
![]() |
Briey est une commune française, située dans le département de Meurthe-et-Moselle et la région Lorraine. Les habitants de Briey sont les Briotins. |
![]() |
Briey a donné son nom au bassin ferrifère le plus puissant d'Europe au début du XXe siècle : le Bassin de Briey. |
![]() |
Briey est aussi connue pour la Cité Radieuse, une unité d'habitation construite entre 1959 et 1960 par l'architecte franco-suisse Le Corbusier selon le modèle qu'il a établi pour Marseille. |
Elève de CM de l’école Louis Pergaud de Briey...
La petite Julie a été proclamée
2ème meilleure Française
pour sa Dictée Francophone
avec o faute dans la dictée
et seulement 1 faute dans les mots de départage.
Les deux classes participantes ont déjà reçu le diplôme de participation et le livre cadeau « AGAGUK » offert par Lorraine-Québec.
Ce jeudi 23 juin, Jean-Pierre François, notre trésorier, lui a remis personnellement au nom de France-Québec et avec les félicitations de Lorraine-Québec son diplôme national et d’autres récompenses :
un beau livre et un chèque cadeau à dépenser dans un magasin d'électronique bien connu... Nul doute qu'elle saura bien l'utiliser !
Julie
(avec son diplôme de 2ème nationale)
et son amie Tyfenn
(classée 3ème CM de Lorraine)
et les enseignantes des classes participantes
(Jocelyne Kollen à droite et Dorothée Depérez à gauche)
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Quelques photos d'autres classes récompensées...
N'hésitez pas à nous en envoyer d'autres...